LES POTINS VIBRATOIRES

Petite musique et mise au pas

 

De ma boîte à couture
Vieille de plus de trente ans
S’échappaient par ses flancs
En faisant grincer sa fermeture
Des bouts de ficelle et des rubans,
Un joyeux méli-mélo coloré,
Des bouts de tout, des bouts de rien,
Des souvenirs amusants
Et des boutons dépareillés.
C’est si ennuyeux un bouton
Qui vient à manquer !
Elles sont si traîtresses
Les aiguilles piquées
Dans des bobines qui ne demandent
Qu’à tomber et se dérouler
Sous la patte de la chatte aux aguets !
Soudain surgit de nulle part
Un dé trop petit ayant accompagné
De mon enfance les premiers essais !
Voilà les doigts piqués, les jurons envolés
C’est dangereux une aiguille dédaignée !
De ma boîte à couture
Vieille de plus de trente ans
Il fallait voir ses flancs pansus !
Ils menaçaient de déverser
Des épingles n’en faisant qu’à leur tête
Et d’autres pour réparer l’irréparable
Celles que l’on dit de sûreté.
Quant à ces bouts de tissu, ces perles amassées
Venus de cette robe-fleur, je les avais oubliés !
Pourtant elle avait accompagné des pas de deux
Dans un joyeux élan amoureux !
Vint le tour des écheveaux de laine abandonnés
Et des scratch bien pratiques qui faisaient scrouitch
Sur des étiquettes qui disaient son nom
Quand le petit fit ses premières valises.
J’entrepris alors, parce qu’il le fallait bien,
De vider peu à peu tous ces bouts de vie
Ces « ça peut servir, ces bouts de rien
De mettre bon ordre au fouillis du passé.
De ma vieille boîte à couture
De toutes les images de ses trente ans
J’ai déroulé à mon tour ce symbole de femme
Parce que chacune se devait
D’avoir son trésor, sa boîte d’intervention
En urgence ou en décoration.
Et je me souviens maintenant
De ces rares après-midi
Où ma mère enfin s’asseyait
Dans un cérémonial bien ordonnancé :
ELLE AVAIT DE LA COUTURE !
Chaque bouton était renforcé
Et les misères reprisées
Les ourlets c’était de la bagatelle
On vous tournait un col de chemise
On remplaçait de la jupe, l’élastique :
Deuxième jeunesse obligée !
Que reste-t-il de la couture
Dans un monde de prêt-à- jeter ?
J’aime toujours revoir les boutons,
Ils fleurirent parfois à la boutonnière
.J’aime faire un point par-ci, un point par-là
Comme si les aiguilles esquissaient sur la toile
Un simple pas de danse.J’aime fouiller dans la boîte
Trouver le petit chose, le petit rien
Qui fera qu’ avec ma boîte à couture
Vieille de plus de trente ans
Je trouve enfin le tout petit bonheur du jour.
 
Maïté Ladrat/ novembre 2013

 



02/09/2014
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